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Youma Fall, directrice de la langue française, culture (Oif) : « Le cinéma africain se portera mieux avec la coproduction entre pays »

Lundi 27 Mars 2017

Youma Fall, directrice de la langue française, culture (Oif) : « Le cinéma africain se portera mieux avec la coproduction entre pays »

Présente à Ouagadougou dans le cadre de la 25ème édition du Fespaco, la directrice de la Diversité culturelle de l’Organisation internationale de la Francophonie regrette l’absence d’accords de coproduction entre les pays africains. Selon Youma Fall, l’effectivité de ces accords pourrait permettre au cinéma africain de mieux se porter.

L’Organisation internationale de la Francophonie (Oif) a augmenté son enveloppe pour le financement du cinéma et de l’audiovisuel africain. Qu’est-ce qui explique ce choix ?
C’est pour faire plus structurant. Nous voulons éviter le saupoudrage, en essayant de faire plus et en encourageant encore plus de longs métrages. Actuellement, il y a beaucoup de difficultés avec les longs métrages qui coûtent extrêmement cher. Nous avons décidé de créer deux commissions Cinéma, ce qui demande un peu plus de moyens pour ne pas faire de saupoudrage. C’est aussi une façon d’accompagner la qualité de la création et de la production.

L’Oif ne se limite pas seulement à la production. Vous soutenez également les espaces de diffusion des films africains…
Nous soutenons d’abord les espaces de célébrations comme le Fespaco, en accompagnant la présence de producteurs du Sud dans cet événement qui est un lieu de rencontre, d’échange et de confrontation. L’Oif appuie également la distribution. Il faut rappeler qu’avant, nous ne faisions pas trop dans la distribution. Par ailleurs, depuis deux ans, nous accompagnons des producteurs du Sud à participer à des marchés de la production, tout en organisant des concours qui permettent aux jeunes de pouvoir participer et d’être présents à ces grands rendez-vous où s’écrit le destin de la production et de la cinématographie. L’Organisation internationale de la Francophonie accompagne aussi, à travers le programme « Capital numérique », la mise en réseaux de distributeurs ainsi que la mise en scène de la diffusion de production qui avait complètement disparu avec la numérisation. Je pense qu’une chose est de créer, une autre également est de montrer parce que, quel que soit par ailleurs le plaisir et la jouissance que peut procurer le produit créé, la finalité de tout producteur, c’est de voir son produit déjà vu, apprécié et acheté. On est en plain-pied dans l’économie de la créativité. Pour faire du cinéma un métier pour le continent, on a besoin d’accompagner vraiment la diffusion.

Par rapport à ce financement, certains pays africains comme le Sénégal ont créé des mécanismes de financement du cinéma à travers notamment le Fopica. Quelle lecture en faites-vous ?
Nous nous en félicitons. Je pense que c’est toujours dans la complémentarité de nos actions qu’on parvient à avoir des résultats. Donc, c’est bien d’avoir le Fopica au Sénégal, un fonds d’appui au cinéma en Côte d’Ivoire. Actuellement, nous avons décidé d’accompagner le Burkina Faso dans une étude pour la création d’un fonds. Au Gabon, nous appuyons aussi le pays pour une étude de faisabilité pour ce genre de financement non marchand. Toutefois, là où on est vraiment en attente, c’est par rapport aux accords de coproduction entre les pays. Un film qui a une double nationalité bénéficie de deux fonds différents. C’est toujours important d’avoir, par exemple, un film d’Alain Gomis qui bénéficie du fonds de la Côte d’Ivoire. Mais, comme il n’y a pas toujours d’accords, c’est regrettable. Pourtant, nous avons des accords de coproduction entre la France et le Sénégal ou entre le France et le Burkina. Mais on ne parvient pas à avoir des accords de coproduction entre nos pays. Il faut creuser dans les accords de coproduction entre les pays, et ainsi le cinéma africain se portera mieux.

Cette année, le Fespaco a mis l’accent sur la formation dans le métier du cinéma. Au niveau de l’Oif, qu’est-ce qui est fait pour accompagner la formation des acteurs africains du cinéma ?
Depuis trois ans, nous accompagnons la formation de producteurs, de réalisateurs et de professionnels du cinéma. Le constat est que la qualité dépendait de la formation. Nous avons fait une étude qui a montré qu’en Afrique, il y a deux ou trois directeurs de photo, voire un directeur de photographe, qui quittent l’Ethiopie pour faire le tour de l’Afrique ainsi de suite. Les professionnels qui viennent du Nord font que le cinéma africain coûte deux fois plus cher. Dans le domaine de la formation, la Direction de la diversité culturelle de l’Oif a ouvert un Master à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal. Aussi, en partenariat avec l’Université Senghor, en Egypte, un Master sur les industries culturelles a été créé pour accompagner la formation à la promotion. Dans le cadre des Trophées francophones, nous souhaitons des sessions de formation, etc. Pour nous, la formation est l’élément essentiel de base, c’est le fondement de la qualité de la production.

Propos recueillis Par le SOLEIL


Le Redacteur

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