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Antiterrorisme: En 2017, la France n'a accueilli que neuf "revenants" du djihad

Jeudi 2 Novembre 2017

Depuis le 1er janvier 2017, les renseignements ont enregistré le retour de 9 Français partis en zone irako-syrienne. Ils sont tous suivis judiciairement.

Ils sont peu nombreux, mais suscitent une attention sans relâche. Avec la débâcle militaire de l'organisation État islamique  à Mossoul (Irak) puis à Raqqa  (Syrie), les autorités s'attendaient à un retour massif des djihadistes français, entre ceux qui ont fui les combats et ceux qui ont perdu toute illusion de vivre dans un califat idéalisé. Il n'en est rien: selon des sources concordantes, seuls neuf Français sont revenus de la zone irako-syrienne  au cours des dix premiers mois de l'année 2017. Ce chiffre correspond aux individus détectés par les services de renseignements, et ne prend pas en compte d'éventuels retours clandestins. 

Signe que le phénomène tend à se tarir, ces neuf revenants ne représentent qu'un infime pourcentage des 302 Français rentrés depuis 2012, parmi lesquels 244 adultes et 58 mineurs. "Il s'agit désormais de retours au compte-gouttes, explique à L'Express une source proche des services de renseignements. Sur le millier de ressortissants  partis faire le djihad, beaucoup sont morts dans les combats, et ceux qui ont réussi à rentrer avaient anticipé en prenant le chemin du retour via la Turquie, avant d'être encerclés. Ils ont eu recours à des réseaux de passeurs et de trafiquants, puis ont sollicité les services consulaires français."  

Les regrets d'une jeune Française de 23 ans

Parmi ces neuf revenants identifiés ne figurent ni combattant aguerri, ni cible "prioritaire". D'ailleurs, l'un des derniers retours enregistrés, au mois d'octobre, est celui d'une jeune femme de 23 ans, originaire du Sud-Est de la France. Rentrée par la Turquie, elle était accompagnée de son enfant en bas âge, né sur les territoires contrôlés naguère par Daech. Expliquant avoir "fait une erreur" en rejoignant la Syrie dès 2014, elle affirme aussi s'être échappée ces derniers mois de la région de Raqqa et avoir vécu dans la clandestinité, avant de pouvoir franchir la frontière turque. Son mari est quant à lui resté sur place. 

Fait rare: cette jeune femme a été laissée libre, sous contrôle judiciaire, alors que la grande partie des revenants sont désormais placés en détention provisoire. En juin dernier, une jeune Française au profil similaire est revenue sur le sol national. Les neuf Français rentrés de Syrie font tous l'objet de procédures judiciaires dans l'attente de leur procès. Les mineurs sont placés dans des familles d'accueil ou des structures. 

Des profils épluchés minutieusement

"Les services spécialisés épluchent chaque parcours individuel, afin d'évaluer la dangerosité potentielle des personnes de retour et ne prendre aucun risque, souligne un fin connaisseur de ces dossiers. Certains ont pu participer à des exactions et représenter une menace quand d'autres, sans avoir commis personnellement de crimes, sont tout de même des terroristes."  

Avec un risque d'allongement des procédures: plusieurs djihadistes sont bloqués dans des zones de transit, dans l'attente d'un feu vert des autorités françaises. Par ailleurs, une vingtaine de familles de femmes parties rejoindre Daech et capturées en Syrie ont récemment écrit à Emmanuel Macron pour lui demander de les rapatrier en France avec leurs enfants, afin qu'elles y soient jugées plutôt qu'en Syrie

La question des revenants "clandestins"

Mais tous les revenants ont-ils été repérés? C'est la hantise des autorités. "Il existe toujours une possibilité que certains puissent revenir et rester dans l'ombre. Je ne peux pas certifier qu'il n'existe aucun cas de ce type", a reconnu lui-même Gérard Collomb, ministre de l'Intérieur, dans une interview à L'Express. "Nous faisons tout pour recueillir du renseignement sur ces retours pour empêcher une action hostile de leur part."  

Fait inquiétant: quelques djihadistes français ont été interceptés à leur retour alors que Daech avait faussement annoncé leur mort. De source policière, aucun signal inquiétant n'a toutefois été détecté à ce jour quant à la présence de revenants "clandestins". 


Le Redacteur

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