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À la guerre avec le pire des généraux ! (Par Sadibou DIATTA)

Jeudi 28 Mai 2020

Avant l'apparition du premier cas au Sénégal, le Ministère de la santé avait sorti le 28 février 2020 un communiqué N°1 où il n'avait informait les populations des mesures prises pour la contingence de la pandémie du Nouveau Coronavirus comme «le renforcement de la surveillance épidémiologique sur toute l'étendue du territoire national, avec un accent particulier au niveau des portes d'entrée».

Trois jours après, notre pays enregistrait son premier cas Positif, un cas qui est justement passé par les très «surveillées» portes d'entrée. À ce jour, lundi 25 mai 2020, le Sénégal compte 3130 cas positifs, 1515 guéris, 35 décès, 1579 toujours sous traitement et se retrouve ainsi dans le Top 10 des pays africains les plus touchés.

Cette situation alarmante nous pousse à s'interroger sur les réelles capacités du chef de guerre, Monsieur Macky Sall. En effet, la dangerosité de la maladie avait poussé les autorités à prendre des décisions extrêmement restrictives : Loi d'habilitation, décret N° 2020-830 du 23 mars 2020 proclamant l'état d'urgence; Arrêté N° 08231 du 25 mars 2020 relatif aux mesures de restriction dans le secteur des transports terrestres pour la lutte contre le Covid-19 ; Arrêté N° 007782 du 13 mars 2020 portant interdiction provisoire de manifestations ou de rassemblements ; Arrêté N° 009137 du 17 avril 2020 prescrivant le port du masque dans certains lieux durant l'état d'urgence ; Arrêté N°009789 du 12 mai 2020 modifiant l'Arrêté N°008207 du mars 2020 portant interdiction temporaire de circuler.

Et ce n'est pas tout! Sur les autres plans, c'est le chef de guerre, Macky SALL, lui-même, qui part au front le 03 avril 2020 pour annoncer une batterie de mesures salvatrices : - 64,4 milliards destinés à la prise en charge des dépenses liées à la riposte contre le Covid-19 dans le secteur de la santé ; - 15,5 milliards pour le paiement des factures d'électricité des ménages abonnés à la tranche sociale ; - 3 milliards pour la prise en charge des factures d'eau ; - 69 milliards pour l'achat de vivres au bénéfice d'un million de ménages ; - 12 milliards en soutien à la diaspora. Et malgré tout, la pandémie gagne du terrain. L'armée anti-coronavirus peine à contenir la maladie. Une vingtaine de département sont touchés et l'activité économique s'arrête.

Trop de tergiversations, d'amateurisme, d'hésitations, d'incompétence et d'insouciance politique nous ont menés à cette catastrophe. Seuls 514 lits avaient été destinés aux malades du Sars Cov2 . Les hôpitaux se retrouveront vite débordés poussant le MSAS à opter pour les prises en charge extra hospitalières. Le système de santé est en lambeaux. Tout est insuffisant: hôpitaux, centres de santé, postes de santé, cases de santé, cabinets privés, officines de pharmacie, respirateurs, combinaisons, masques, lunettes, gants, bottes, termo flash, médecins spécialistes, médecins généralistes, infirmiers, aide-infirmiers, sages-femmes, matrones, assistants sociaux, agents d'hygiène, agents sanitaires, ambulanciers, chauffeurs, secrétaires etc. Aujourd'hui, les hôpitaux de Fann, le Dantec, Principal, Matlaboul Fawzeyni, Ndamatou, de Thiès et de Tambacounda payent le prix fort avec plusieurs agents testés positifs malgré les 64 milliards susmentionnés destinés à la prise en charge des dépenses liées à la riposte contre le Covid-19 dans le secteur de la santé.

Malgré les milliards, il faut que Sanofi nous «offre» 66 mille doses de chloroquine, que Jack Ma nous envoie un cargo rempli de matériel médical et que l'Union européenne nous vienne en rescousse sur bien des domaines. Avec la multiplication des cas dits "communautaires", beaucoup de spécialistes comme le Pr Coumba Kane Touré de l'Iressef et le Dr Safietou Thiam, ex ministre de la santé, appellent à un dépistage massif. Le ministre reste sourd et fait l'option d'un dépistage à minima avec 32 723 tests réalisés par l'institut Pasteur (à la date du 19 mai 2020) lequel, après avoir clamé la gratuité des tests, finit par avouer le contraire puisqu'ayant reçu la somme d'un milliard six trente-six mille cent cinquante francs La communication gouvernementale est tellement pitoyable qu'en ce moment, nombreux sont ceux qui doutent de l'existence de la maladie. Au debut, il était dit que le port du masque n'était obligatoire que pour les malades pour devenir par la suite obligatoire. La même cacophonie se poursuit après l'annonce d'un décès. Les membres des familles éplorées sortent toujours du bois pour contester les causes de la mort si bien que les populations ne savent plus à quel communiqué de fier.

Que dire des divisions internes au Ministère de la santé entre les spécialistes sur le terrain (Pr Ansoumana DIATTA, Pr Moussa SEYDI) et les bureaucrates qui ont par salir la communication gouvernementale. On ne dira pas plus des décisions du président Macky Sall. Le 23 mars 2020, il déclare au virus, 51 jours après, nous exhorte à «apprendre à vivre avec le virus». Au plan social, les velléités d'une grande partie de la population ne pourraient s'expliquer que par les lenteurs administratives et celles liées à la corruption concernant la distribution des kits alimentaires. Un pactole de 69 milliards pour que, deux mois et demie après, des confinés soient sans aucun sac de riz ni de sucre. Plus de 529 625 ménages sénégalais ont vu leur situation socio-économique drastiquement se détériorer avec un risque de basculer en insécurité alimentaire selon le Conseil National de la Sécurité Alimentaire (CNLS). Et d'ailleurs, l'aide apporté à un million de ménages n'a fait qu'exhiber les failles du Registre National Unique (RNU) et la carte d'égalité des chances attribuées à 50 mille personnes vivant avec un handicap sur les 800 mille selon les chiffres de l'Association Handicap.sn

Les conducteurs de taxi motos, les transporteurs, les commerçants, les vendeurs à la sauvette, les mareyeurs, les femmes transformatrices de produits, les tailleurs, tous, bandent les muscles et réclament un assouplissement plus large de toutes les mesures impopulaires prises par l'Etat du Sénégal. Entre mourir de la faim ou de la maladie, le choix est fait pour les sénégalais. Malheureusement, c'est durant cette période douloureuse que le chef de l'Etat choisit de couvrir de grâces les anciens présidents du CESE en violation du règlement intérieur de l'institution. Cette décision controversée ne peut livrer que les enseignements suivants: - au Sénégal, un décret authentique peut s'avérer faux mais le président peut s'en appuyer juridiquement pour prendre un autre décret -au Sénégal, les retraités politiques valent mieux et coûtent plus chers que les jeunes diplômés - les sales coups se donnent en temps de guerre - la fracture Sénégal d'en haut et Sénégal d'en bas est bien réelle - le gouvernement a bien pris l'option de nous mentir et de beaucoup nous mentir Ce n'est qu'une suite de tous les autres scandales parmi lesquels le gré à gré avec les marchés du riz, du sucre et du transport des vivres : des entreprises mortes des siècles durant ont surgi des entrailles de la corruption pour se voir attribués des marchés et d'autres, au capital de quelques millions, ont gagné des marchés de milliards.

Il faut y ajouter, après l'affaire du faux douanier, celui du faux docteur, de la vente des autorisations de circuler, des violations du couvre-feu moyennant 1000 francs, des tabassages de journalistes ou de sénégalais lambda, des abus de pouvoir des force de l'ordre, du scandale de l'aide à la presse, de la sale affaire des perdiems du comité Force Covid-19, du flou autour des milliards destinés aux secteurs du transport et du tourisme, des vrais-faux cas positifs et des personnes en bonne santé, confinées pour des histoires de 500 mille. Et comme cela ne suffisait pas, Akilee réapparaît pour doucher davantage les plus pessimistes. La France, quant à elle, toujours mesquine et opportuniste, revient nous vendre, avec la bénédiction de Macky et Ouattara, son sale projet de la monnaie Cfa-Eco.

Les 1000 milliards attisent bien des appétits. Et ragaillardi par une loi d'habilitation, le gouvernement montre chaque jour, à suffisance, que cet argent soulevé pour le contingentement de la pandémie est en train d'être partagé entre les politiciens et les lobbies économiques. C'est bien le Corona business dont parlait l'activiste Guy Marius Sagna.

Sadibou DIATTA Coordonnateur de Frapp France degage, section de Ziguinchor

Le Redacteur

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